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Soyons
réaliste, demandons
l'impossible ! |
L'autre jour, la grenouille,
perchée sur son nénuphar, rêvait
à voix haute :
« Koak! Koak ! Mon étang,
songeait-elle, devient de plus
en plus écœurant avec ces eaux
usées qui s'y déversent. Ce sera
bientôt complètement inhabitable
! Il nous faudra fuir et émigrer
je ne sais où ! Cette mousse
brunâtre gagne de plus en plus
de terrain et avec ces algues
vertes qui étouffent toute vie
en-dessous d'elles, mes œufs et
mes têtards vont s'asphyxier ou
bien mourront de faim, ne
trouvant plus de nourriture!
Il va bien falloir que les
hommes réagissent et prennent
conscience que leur mode de vie
et de consommation ne sont plus
tenables!
Il faut absolument qu'ils
reviennent à plus de raison,
qu'ils se contentent d'une
nourriture plus frugale, qu'ils
utilisent moins de détergents
pour leur ménage.
Et puis un savon plus naturel
pour leur toilette ne
conviendrait-il pas mieux que
tous ces bains moussants qui
décapent tant la peau,
qu'ensuite ils doivent se masser
avec des crèmes hydratantes qui
finissent, comme le reste, dans
mon étang ! Et je ne parle pas
des engrais et autres pesticides
!
Ah! Je vais réunir toutes les
grenouilles de la région, et
même les crapauds et tous les
habitants de l'étang, nous irons
en délégation devant la mairie
et ferons tant de tapage qu'ils
comprendront bien qu'il est
urgent de changer de mode de
vie, s'ils veulent continuer de
se promener gaiement autour de
cet étang, si joli au printemps,
quand bourgeonnent les arbres et
fleurissent les iris!
Chantal Jacquin
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