VOYAGE
Je suis née il y a déjà longtemps et
durant toutes ces années j’ai suivi
un chemin que j’ai tracé, qui était
peut être tracé et que je n’ai pas
toujours voulu. En regardant en
arrière, je constate que j’ai
traversé bien des déserts, des
montagnes et des plaines.
Aujourd’hui, je suis plutôt dans une
zone tranquille mais je garde en moi
tous ces pays traversés connus ou
inconnus.
Ma mémoire peut encore les énumérer.
Dans l’enfance, j’étais dans ce pays
paisible, on pourrait dire dans le
prairie, inconsciente de l’âge et de
l’endroit mais comme dans le
troupeau de la Bible, surveillée et
guidée par le Bon Pasteur….
L’adolescence fut davantage houleuse
et contre vents et marées, je me
suis faite à l’environnement.
Traverser à gué ou à la nage les
obstacles qui nous empêchent de
grandir, franchir et sortir de sa
chrysalide c’est comme butter sur le
sol aride et caillouteux. Construire
son identité et sa carcasse n’est
pas une mince affaire.
Le temps des amours : ah ! la route
droite, le soleil et la mer, la
vaste plaine, l’horizon lointain, le
ciel tout bleu et le cœur au beau
fixe. Un voyage à deux construit
dans les projets et le printemps qui
s’éveille. Quel magnifique voyage en
perspective mais un voyage
imaginatif et plein d’illusions,
c’est le temps de la romance.
Ensuite vient la « vraie vie »,
celle du combat. La montagne à
gravir, les déserts à traverser, les
fleuves infranchissables… pour
prendre ensuite le temps de la
réflexion et du discernement et
enfin arriver sur le terrain plat
quand les bosses et les creux ont
été franchis.
C’est aussi le temps de reprendre
son souffle et de découvrir avec
émerveillement ce qui m’entoure et
qui me comble, tels les lacs et les
cascades, la mer et la plage…
Maintenant c’est la période de
l’automne, le temps de la
contemplation, le temps pour le
voyage intérieur, regarder et
évaluer la récolte, quand le blé à
mûrit il donne du fruit et en
continuant ce chemin balisé d’autant
d’embûches que de joies et de
bonheurs qu’il m’a été donné de
vivre, je réfléchis à la trace que
j’aurai laissée.
La vie est un long chemin dans le
temps, un temps qui parfois semble
long mais qui en réalité est
insaisissable. En me retournant, je
peux regarder, songer, réfléchir sur
tout ce qui a été semé tout au long
de ce parcours. J’ai fait et j’ai
vécu un beau voyage, sans doute
souvent en me disant « avance au
large » mais ne sommes nous pas
gérants de notre chemin même si
souvent il nous est imposé.
Bernadette AUBEL. 4 mai 2009 |